En Aïkido, point de catégorie (taille, sexe, âge, grade…), tout le monde travaille avec tout le monde afin de se rapprocher de la réalité. Etre capable de gérer toutes sortes de difficultés. Et en plus, on va en rajouter “une couche”: plusieurs adversaires, en étant soi-même à genoux, contre diverses armes….
On entend souvent par exemple: “Mais il est trop grand !, je n’arriverai jamais à lui faire Irimi-nage!”
On va arriver donc à vivre des cas de figures parfois extrêmes: parfois, le plus petit pratiquant va se retrouver face à la plus grande, le plus jeune avec la plus ancienne, le plus lourd avec la plus frêle, la plus “speedy” avec le plus “lent à la détente”. Bon, mais comment faire ?
Premièrement: on est encore dans le mental : accepter la diférence et la voir comme une énigme à résoudre, pas comme une difficulté insurmontable. L’Aïkido demande observation et adaptabilité, anticipation et stratégie. Ce sera précisement le moment où votre intelligence et votre sens de l’innovation vont être sollicités. Voir le problème comme un challenge qui va nous faire progresser. Pas comme une impasse. O sensei, de petite taille, a su travailler avec des gabarits différents: on le voit sur des vidéos avec des américains de grandes tailles, des sumotoris… lui même était de petite taille.
Deuxièmement: intégrer qu’on ne va pas avoir la capacité de faire maigrir, rapetisser ou faire grandir notre partenaire pas plus que nous du reste. En se rappelant des principes de base de l’Aïkido (se servir de l’énergie de l’autre et la conduire. Aucune violence, anticipation, recherche d’angles les plus appropriés, jeu sur les forces centrifuges, déséquilibres, accompagnement…).
Troisièmement: Ne pas traiter de front la problématique de la différence mais être en recherche constante d’autres angles à prospecter et qui vont surprendre. Un exemple: Il fait 30 cm de plus que moi, 60 Kg de plus… Focaliser l’attention de l’autre sur un autre facteur. Parfois un atémi de diversion aide à surprendre et faire perdre l’à priori. Il ne faudra surtout pas accentuer les différences. Préferer jouer sur la surprise et la mobilité. L’anticipation de Tori doit être de mise. Si Tori est statique, l’éventuel avantage physique d’ Uke va prendre toute sa superbe… Un Tori en mouvement va surprendre Uke qui va devoir se mettre en quête lui-même d’une autre stratégie que son seul “petit plus” naturel. Mais là, c’est déjà trop tard >>> Tori est déjà placé !
Exemple concret: Ude kime nage sur Haïammi Katate dori. Tori de petite taille travaillant avec un géant. Tori ne peut se grandir ou sauter. Il lui suffira de démarrer sans attendre qu’Uke se stabilise. En récupérant le poignet d’attaque, glisser sur le coté et concevoir le bras d’Uke tel la tsuka d’un sabre en coupant rapidement dans la direction de son déplacement. Autre image; en considérant le poignet comme un guidon de moto; mettre les gazs à fond . Vous verrez alors votre Uke géant descendre à votre auteur. Le partenaire est d’un coup, nivelé vers le bas. Tori n’aura plus d’effort pour placer sa technique. Autre cas de figure; l’inverse, donc un petit Uke contre un Tori géant. Là, au lieu que Tori remonte le bras dans l’hypothétique possibilité de faire grandir d’un coup Uke, il fléchira plutot ses jambes, ne sollicitant que ses quadriceps (surtout pas son dos en se voutant) afin de se mettre lui-même à la hauteur de son partenaire.
Il y a toujours une solution à un problème. Le tout est de prendre la problèmatique comme un moyen d’évoluer. Ou parfois comme un jeu, une énigme à découvrir, une difficulté à résoudre. Un exercice permet de mettre en place cette “apprentissage stratégique”: Kokyu-ho sur ryote dori en suwari waza lorsque Uke verouille ses bras… A tester.
Un conseil; pour s’améliorer en Aïki, ne pas systématiquement se ruer sur un partenaire de même “gabarit” . Aller chercher parfois volontairement son “opposé” nous poussera à faire évoluer notre propre pratique.
Et puis sommes nous tous uniformes? ceux mesurant 1,80m doivent ils ne s’entrainer qu’avec ceux qui font 1,80m? en excluant les “1,79 ou 1, 81m”….
Si oui, alors on devrait créer des robots mannequins-clones de nous mêmes qui seront alors nos partenaires idéaux….Ca fait peur non?
PB