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Se mettre à « la tête d’un orchestre philarmonique »

Ou:
” comment se produire en concert si les musiciens
ne maîtrisent pas le solfège le sens du rythme et leurs instruments ?

Dans un orchestre philharmonique, il serait aberrant que le premier violon découvre son instrument et les rudiments du solfège en plein concert. Imaginez la tête du chef d’orchestre et les conséquences pour l’ensemble des musiciens ainsi que pour le public s’attendant à recevoir ce qu’il était venu chercher dans cette salle….

Si un élément se permet de faire une faute de débutant, c’est l’ensemble de la réalisation, de l’œuvre qui en fait les frais. Le chef d’orchestre de son coté, recherche à imbriquer tous les talents pour produire une notion d’harmonie. Chacun va donner le meilleur de soi-même en se conformant à la partition. A l’intérieur de l’orchestre, les petits “couacs”, les imperceptibles décalages de rythmique, seront compenser par les voisins, toujours dans un soucis de fluidité. et “‘The show must go on”!! quoiqu’il arrive.

L’exemple peut également être pris dans une chorégraphie. Chaque danseur connait son corps, l’a bien préparé, entrainé sait se mettre au diapason du tempo de la musique et est capable de s’intégrer dans le groupe sans devoir redécouvrir les bases acquises depuis des années. Il suffirait effectivement d’un danseur défaillant pour mettre en péril l’ensemble de la chorégraphie. L’observateur sera polarisé sur lui.

Ramenons cette disharmonie à soi en plein mouvement d”Aïkido.

On ne peut prétendre à rechercher l’harmonie avec ses partenaires si, en plein échange, sous la frappe engagée du sabre ou du poignard, on n’a pas encore maîtrisé l’esquive, la mobilisation de ses orteils sur le tatami, la tonicité de son ventre, le travail puissant de la hanche qui va permettre le déplacement. Mais également si on ne connait pas nous-même les armes, leur mécanisme et les conséquences de prendre le coup. Si l’on ne sait pas bouger au bon moment, on n’a pas encore acquis le sens du timing, de la mise en accord avec l’autre ni le sens de la fluidité, du rebond du guidage de l’attaque, alors la technique ira droit au clash !

Toutefois, et c’est là la richesse mais aussi que les frustrations peuvent arriver: l’Aïkido n’est pas un art abouti. On découvre à chaque instant de la pratique. Il y aura toujours matière à s’améliorer. La perfection ne peut être prétendue dans notre domaine (dommage pour les perfectionnistes!!). Tout comme des musiciens, des danseurs, enfin de concert, ou à l’issue de leur chorégraphie, alors que le public est sous le charme, les artistes même s’ils ont reçus eux-mêmes de belles sensations et de grandes satisfactions, savent qu’ils ont fait quelques erreurs, qu’ils ne sont pas au top, et qu’il y a encore des choses à peaufiner…

Il faut passer obligatoirement par les ” Kihon “; les bases, et y revenir régulièrement. Maîtriser le solfège, la tenue de son instrument, alimenter ses connaissances, s’entrainer et s’entrainer encore. Avant de prétendre jouer un air, puis se confronter avec d’autres musiciens et faire partie d’un orchestre puis jouer dans un concert, on doit découvrir et maîtriser chaque parties de son corps. Ses limites comme ses ressources ainsi que ses capacités. On va y travailler sans relâche afin que les mouvements conscients deviennent par la suite, exécutés de façon spontané, inconsciemment, quasiment non-réfléchis. Cela permet de “passer à autre chose”, de franchir une étape, d’accéder à une autre découverte, et d’acquérir une autre technique puis de la “performer“. C’est ce qui se passe avec l’acquisition de la chute qui devient spontanée et quasiment irréfléchie après quelques mois d’entrainements assidus. On ne pense qu’à arrondir son corps, baisser son centre, donner la bonne impulsion, se relever de façon tonique pour rester opérationnel. On n’y pense, puis on n’y pense plus, on oublie pour se concentrer sur autre chose… puis on y revient pour performer encore un peu plus.

Lorsqu’on a maitrisé le solfège et son instrument, on l’oublie presque pour se consacrer à l’observation des autres musiciens, afin de se mettre en accord avec eux. Puis on revient sur les basiques pour s’améliorer chacun des éléments et aller encore un peu plus loin vers la qualité, s’offrir de nouvelles sensations, découvrir de nouveaux horizons et le vaste champs d’action encore inexploré que permet la pratique de l’ Aïkido…

Pratiquer l’Aïkido c’est aussi

se mettre à la tête d’un orchestre où chaque musicien va maîtriser sa partie.

Le concert donnera alors une sensation d’harmonie d’unicité et de fluidité….

 

PB