Oter tout verrou pour mieux progresser…
Lorsqu’on débute dans un art martial japonais, on sait bien entendu qu’il a été conçu par un maître nippon. On nous apprend à saluer le portrait de son fondateur qui est japonais. Et on va suivre les stages de hauts gradés de ce pays. On risque assez souvent d’ installer inconsciemment un frein, une interdiction à l’excellence du genre: “Puisque je ne suis pas japonais, je ne pourrai jamais arriver à leur niveau. Alors je me contenterai de celui que j’ai aujourd’hui”…
La démarche du fondateur, O sensei UESHIBA, en créant l’Aïkido et en le faisant sans cesse évoluer, était que son art devienne universel. Qu’il traverse les frontières qu’il soit pratiqué par tous quelque soit l’origine. De plus, il y a une obligation implicite à s’améliorer sans cesse. C’est la seule compétition qui existe: lutter contre ses raideurs, trouver la fluidité, s’impliquer, s’engager de plus en plus, jouer du De-aï et du Ma-aï (temps / espace), de l’anticipation, intégrer de mieux en mieux chaque technique puis de les éthérer petit à petit…
Il y a donc une obligation d’excellence lorsqu’on pratique l’Aïki et ce bien au delà du lieu où se situe le dôjô. Imaginons que chacun soit motivé dans ce sens. Quel en serait le résultat sur le plan du seul dôjô, puis sur le plan national? L’éventuelle limite, qui nous interdirait de nous rapprocher de la perfection du fait que nous ne sommes pas originaire du Japon est donc tout à fait dérisoire et stupide. Nos meilleurs experts français l’on bien compris. Ils auront intégré, puis dépassé ce frein artificiel et combien handicapant. Certains ont même maîtrisé la langue afin de mieux comprendre la subtilité de langage du fondateur et des experts japonais.
En Aïki, chacun a sa chance. Il n y a pas à avoir de prédisposition comme on peut parfois entendre. Autant si pour entreprendre une carrière de chanteur, avoir une “voix de canard” va compromettre une destinée, autant en Aïki, il n’ y a aucun critère en pré-requis. Souvent on entend parler de souplesse. La raideur est très souvent mentale plus que physique. Elle est bien souvent formée par des schémas préjugés. Du genre: “Toute action doit provenir des épaules ou exécuter en force”. Ou encore; “dès que je suis attaqué, je dois me crisper afin d’être prés à recevoir le coup”… ou enfin, la technique ne sera produite que de la seule énergie de l’attaqué”. Si on arrive à briser ces divers préjugés qui engendrent les tensions et verrous, la souplesse montre bizarrement le bout de son nez…
Lorsqu’on a intégré les principes de l’Aïki, avec un peu de motivation, tout le monde peu réellement accéder à son monde de sensations. Les meilleurs d’entre nous sont visiblement ceux qui ont dépassé les préjugés et vivent réellement au quotidien avec les principes de l’Aïki. Acceptation de l’autre, détente autant qu’ observation, travail avec tout le potentiel corporel et psychique unifié… Ce sont ceux aussi qui ne sont plus dans “l’aïkido d’essai et de découverte”. Ils sont désormais Aïkidokas à part entière même si la remise en question n’est jamais bien loin…
Chacun peut parvenir au meilleur niveau de pratique. Il suffit de s’investir autant qu’on sait le faire pour quelque chose qu’on aime. Clarifier ses objectifs et y mettre des étapes clairement identifiées. La motivation y fait pour beaucoup. C’est le carburant principal pour tout engagement.
Mais si nos experts ont pu tracer la route, alors, le choix d’avancer (voire même d’aller encore plus loin qu’eux) nous en revient. Et il n’est pas question ici de don ou de prédispositions puisque l’Aïkido n’impose pas de quelconque performance… Il suffit de se donner les autorisations pour accéder à d’autres niveaux, et ouvrir le “champ des possibles”…
Alors, qu’attendons-nous pour nous dépasser?
PB