Après le flou (”Sfumato”), se rapproche l’excellence…
C’est souvent après des épreuves que l’on sait ce qu’on vaut, ce dont on est capable. C’est une vraie découverte de soi, …sur soi.
On le constate après un passage de grade. On peut se faire tout un monde de cet examen. Mais on ne saura jamais ce que c’est avant de le passer. C’est valable pour tout examen. C’est également valable pour ce qui est absent en Aïkido: la compétition.
Un nouveau champ, de nouveaux horizons, de nouvelles capacités… cela rejoint un peu ce que nous disions dans l’article sur la respiration, le souffle. A propos de la dette d’oxygène, un nouveau sportif va naître une fois sa “dette remboursée”. Mais combien de personne resteront au seuil de ce manque de souffle, de cette sensation de ne plus pouvoir progresser?
L’ “après” est là, fondamental. Il va falloir se faire confiance pour dépasser les à priori, les peurs, les blocages.
A moins d’avoir une grande imagination et avoir une grande confiance en son professeur, on ne peut réellement imaginer ce qu’on sera devenu et quelles seront les nouvelles sensations une fois passées des étapes par exemple comme la maîtrise de la chute plaquée, d’Irimi-nage, du ken, et parfois de l’examen d’un dan…
Il faut se lancer… parfois dans le brouillard. Le fameux”Sfumato” des peintures de Léonard de Vinci, repris dans les travaux de PNL (un coach, aux débuts de ses séances, même bardé de ses outils qu’ils maitrise, se lance systématiquement dans l’inconnu face à un inconnu qui parfois, souvent, ne se connait pas vraiment lui même…) Et après ce brouillard, vient la clarté. Un peu comme tout créateur qui lance une mode, un style, un concept… Si on ne prend le risque de se lancer, transit par les états d’âmes et autres “ouimais” si ça plante, que va t on penser de moi? “ouimais” je vais me faire mal, je vais peut être souffrir ! Les “ouimais” sont autant d’entraves, de liens, d’idées parasites et non-productives à la créativité et le progrès. Les ouimais nous tétanisent, nous figent et nous font stagner en nous laissant dans le confort sécurisant de l’immobilisme.
Souvent, les gens ont peur de ce “Sfumato“, cette marche incertaine vers l’inconnu. Comme dit Christian TISSIER “parfois on n’agit pas parce qu’on se focalise sur l’échec, le danger, la peur. Mais si on se laisse la chance de réussir, on aura la possibilité de parvenir à notre objectif…” C’est simple comme les principes du docteur Coué, mais combien de personnes n’accèderont pas à de nouveaux champs des possibles du fait du manque de jalon, de repère, d’assurance?
C’est la plupart du temps un blocage du mental. Parfois l’objectif n’est pas clair ou présente peu de repère pour aider “l’aventurier”… C’est comme accéder à une chute plaquée. Le prof a beau bien expliquer (pour motiver et armer l’élève) tout ce qui va en permettre sa maîtrise, est qu’au final, le débutant devra se lancer de lui-même, tout seul dans le vide (c’est le cas de le dire !!). On ne sait rien de ce qu’on va devenir, et quel plaisir ou avantage va survenir après la maîtrise de cette fameuse chute.
Il y aura bien souvent une certaine fierté de s’être dépassé. Puis, quelques temps après, on en oublie l’étape car la technique, la science est intégrée pour permettre l’acquisition d’encore autre chose de plus en plus subtile. Fin ou toujours plus complexe. ..
Dans une autre mesure, passer un dan, c’est se mettre à un niveau, être conforme à des critères et par sa réussite, valider, recevoir une reconnaissance qui obligera son détenteur à conserver un niveau de qualité donnée. C’est aussi, par ce besoin irrésistible de progresser, un entrainement à découvrir d’autres états, sensations, recherches et excellences. Encore une fois, ces nouveaux champs inconnus ne pourront être imaginés au préalable sans les avoir vécus. On doit encore une nouvelle fois, se lancer dans le brouillard, ce “sfumato” de soi-même, un inconnu (soi) qui va accéder à de nouvelles acquisitions. Ca fait peur pour certains. C’est surtout grisant, plaisant pour d’autres. Choisissons le plus encourageant et motivant.
Il s’agit d’un accouchement qui apporte inévitablement de nouvelles richesses permettant de repousser nos limites et nous connaitre un peu mieux…
PB