Canaliser Uke mais aussi son attention
Les sportifs de hauts niveaux le savent tous: savoir diriger ses pensées favorise les performances.
En Aïki, point de compétition, on le sait. Par contre, une performance peut être établie contre soi-même, ou être le fruit d’un dépassement de soi, ou encore prendre naissance dès lors qu’on ait acquis un nouveau reflex, une nouvelle stratégie… Cela peut être encore une capacité à deviner, à comprendre la stratégie du partenaire bien avant l’action.
Précisons que cet article proposé n’est juste que l’apport d’une expérience personnelle. Il ne constitue pas un principe établi, validé pour la pratique par une quelconque commission technique. Il vient là, afin d’apporter une certaine vue dans la manière de progresser.
Nous avons tous nos propres représentations mentales, notre univers “privé”, intime. En pratiquant l’Aïkido, chacun évolue selon ses convictions, ses attentes, et selon ce que l’Aïkido représente pour soi-même. Lorsque les pratiquants s’expriment sur ce sujet, on constate qu’il y a de nombreuses attentes souvent disparates. Par notre art martial, la pensée unique ne peut être envisageable, bien heureusement.
Par contre, savoir diriger de soi-même ses pensées sera un facteur de progrés indéniable. On observe qu’un débutant va la plupart du temps, intellectualiser dans un premier temps la technique tout recemment découverte. On va être attentif à son corps, ses bras, ses mains, ses jambes. On focalise alors l’attention sur un point, un geste. Puis d’autres facteurs tels que la distance, le timing, l’impulsion vont monopoliser l’attention.
Puis d’un coup, l’autre (ou les autres) vont devenir notre préocupation principale (une fois acquis les précédents concepts évoqués).
Ensuite, la construction générale, la cohésion, la complémentarité, la capacité à créer un “dialogue corporel, une communication physique“.
Entre temps, savoir concentrer son attention sur tel ou tel facteur va permettre de conscientiser le geste, l’intégrer en reflexe, et faire naître parfois un “nouveau sens“. Au final, l’avoir étudié et conscientisé permetra de l’engrammer pour toujours, et qu’il devienne totalement réflexe en l’oubliant. L’esprit, l’attention sera alors libre pour se placer sur un autre facteur ou piste de progrés.
Une étape importante en Aïkido pourra alors être franchie lorsqu’on sera capable de comprendre ce qu’on fait ressentir à son partenaire. Ce sera alors le stade où l’on vient de maîtriser son corps pour se consacrer à l’autre. Son ressenti, ce qu’il va sentir, ce qu’il va subir de soi… C’est le stade où l’altruisme peut emmerger de la pratique et que la clémence omniprésente dans les techniques d’Aïkido prend tout son sens… SI dans le premier temps on force parfois un peu trop sur les articulations pour comprendre pourquoi on va chuter ou arriver au sol, à ce stade on fait tout pour ne pas faire mal. La douleur chez l’autre n’est plus ici un élément déterminant d’efficacité.
Se concentrer ensuite sur ce que va représenter l’ensemble (la fusion attaque/technique) dépassera alors le stade technique pour accéder à plus de congruence, de cohérence…
Schématiquement, le premier stade de concentration serait un centrage sur SOI, le second lui se situerait sur l’AUTRE, enfin, l’étape suivante serait ce que représente l’échange c’est à dire le NOUS. Ensuite? et bien effectivement cette étape ne constitue pas bien heureusement l’ultime progression. Gageons que les sensei ont bien d’autres pistes de progrés à poursuivre telles que du domaine de la transmission…
L’Aïkido n’étant pas un sport à compétition, il offre moins de possibilité de remises en question artificielles vécues dès lors qu’on perd ou l’on gagne un match. Il faudra donc trouver ailleurs d’autres directions de pensée afin d’aiguiser sa motivation à progresser.
La progression ici présentée n’engage bien sur que son auteur. Elle rappelle toutefois l’importance de ne pas pratiquer “dans le vague”, sans avoir une motivation particulièrement ciblée si l’on désire progresser.
A vos plans et boussoles !!!
PB