Le centre ‘Ki-Kaï-tanden” sera donc le point central qui devra être mobilisé en permanence afin d’assurer un parfait équilibre et une qualité d’engagement optimum. L’ouverture des hanches de son coté, permettra de mieux gérer l’espace. Savoir “jaillir” dans toutes les directions (pas seulement vers l’avant). Le Hara de son coté, (le ventre) est le siège des reflex, le centre de commande des réflexes et des réactions engrammées par des heures, des années d’entrainement. Une théorie avance que le ventre serait un relai du cerveau pour les prises de décision ultra-rapides (même si les scientifiques restent hermétiques à cette théorie, on peut au moins y réfléchir).
Pas le temps d’analyser le pour et le contre et se poser des questions existentielles lorsque la lame d’un katana s’abbat sur notre crâne ou que la pointe du couteau frôle le pan du keikogi. L’action, là, intuitive, va permettre de rester en vie, puis de gérer “au mieux” la suite des évènements… Les cuisses, les quadriceps, sont au passage, les muscles les plus puissants du corps humain. Ce sont également et paradoxalement les muscles des plus feignants… Dans les déplacements, à Nogent, il est courant d’entendre lors des entrainements aux Taï-sabaki, les conseils tels que “allez, on va s’arracher du sol, se dépoter, faire des plis sur le tatami” tellement il va falloir s’extraire du sol et “exploser sur l’avant”. Il faut compenser la surprise par un vrai catapultage.
Le seul moment de violence en Aïki se situe exclusivement là. Une violence sur soi, jamais dirigée vers les partenaires, mais contre notre immobilisme, notre verouillage au sol qui va surligner notre surprise d’être attaqué et donc nous handicaper. Cela devient flagrant en Hammi-handatchi-waza où le partenaire arrive pleine puissance de toute sa hauteur. Cette “intra-violence” est à cultiver, entrainement après entrainement, tai-sabaki après taï-sabaki… On peut même situer précisement l’endroit qui va déclencher le mouvement et sa tonicité. A l’image d’un boxeur qui va, à la fois esquiver une frappe et décocher dans le même temps son upercut ou un crochet fulgurant: c’est la hanche et encore plus précisement: > la “crête iliaque“, le haut du bassin qui va initier l’action. La force d’impact de son coup de poing n’est pas dans l’enclume cachée dans son gant mais dans la puissance et l’implication de son bassin qui va se propager, telle une onde choc, jusque dans la mâchoire de son adversaire. Cette sensation sera exactement la même dans le swing du golfeur. Les foot-balleurs, les patineurs, les haltérophiles sont convaincus de la suprematie des cuisses sur les biceps. Alors profitons de ces propulseurs et de ces “verins-amortisseurs-catapultes” dans notre art pour y inclure à la fois puissance et souplesse.