AU-DELA DES TECHNIQUES….
Dès lors qu’on a dépassé l’étude des déplacements, des attaques, saisies, et différentes techniques pour les avoir acquises dans leur ensemble, reste à entrer dans le monde des sensations… Ce n’est pas un déroulement obligatoire. Il nous semble juste logique dans sa chronologie.
En effet, après avoir intégré les bases, il reste à rechercher une vraie relation avec le partenaire. Au delà de toute rivalité, on va rechercher plutot la complémentarité à chaque échange sous l’omniprésence du danger que représente l’art de combat.
Souvent, on débute en Aïkido en pratiquant comme un automate. On va reproduire le plus fidèlement possible ce qu”un modèle (un ancien, ou le prof) nous a proposé. Parfois sans vraiment en comprendre le sens. Mais tant pis… on comprendra plus tard !!!
Ce “plus tard” arrive parfois bien vite selon le niveau la motivation et l’implication dans la pratique.
Une fois donc cette longue série de codes acquise autant chez Uke que chez Tori, on va rechercher à mieux entrer en intimité avec son partenaire. La subtilité va prendre là, toute sa place. On va même oser avancer qu’un nouveau mode de communication entre deux ou plusieurs personnes est en gestation.
Changer imperceptiblement un angle, accusé volontairement un léger retard, provoquer par anticipation va propulser la pratique dans une autre dimension. Ce sera au delà de la relation basique “actions/réactions”. Un jeu intime entre partenaires va alors être mis en place, obligeant l’autre à plus de vigilance, d’accuité sensorielle. Le danger, la sanction martiale, l’épée de Damoclés seront toujours omniprésents. Comme une motivation fondamentale à rester présent et capable de réaction fulgurante à tout moment. Toute la subtilité sera dans les sous-entendus gestuels. Comme si une menace planait constament tout au long de l’échange. La menace est comme un aiguillon, parfois comme une cravache qui va donner le rythme. Chacun se renvoit la balle ce qui peut être perçu comme un ballet bien orchestré où l’omniprésence du danger des budokas remplacerait “le diktat” de la musique pour les danseurs.
En Aïkido, on ne va pas artificiellement chercher à rendre beau ce que fait son partenaire. Le but n’est pas non plus de corriger les erreurs de l’autre. Pratiquer l’Aïkido de qualité va systématiquement impliquer une meilleure attention et accuité vers l’autre mais aussi par la maîtrise de l’espace et du temps, MA-AÏ et DE-AÏ qui feront l’objet d’un article dédié dans notre site.
Au delà de ces critères, la capacité de perception du degré d’implication, d’intensité, d’énergie, du niveau technique, de pugnacité du partenaire sera un “must” indéniable dans la qualité d’échange. Mais bien évidemment, cette perception doit avant tout être tournée sur soi. Quel est mon propre degré d’implication, d’intensité…??? etc…
Le champ de l’Aïkido est immensement vaste. Aussi vaste que la nature humaine est diversifiée. Les codes sont pourtant rigides en Aïkido. Un Yoko-men-uchi ne se fait pas de 36 façons, Un shiho-nage sera toujours un shiho-nage. Mais “Jean-paul” travaillant avec “Mauricette” » n’offrira pas les mêmes sensations que l’orsqu’ils auront changé de partenaires 5 minutes après, pour la même technique. Mais, lorsqu’ils seront à nouveau “confrontés”, ils auront encore de nouvelles sensations, de techniques en techniques, mais également de secondes en secondes, au delà de toute routine… C’est une des richesses de l’Aïkido… L’Aïkdo est à redécouvrir à chaque échange.
PB