On pourrait mettre à profit cette technique pour anéantir, détruire, ou diminuer autrui. Mais l’Aïkido se repose sur une philosophie bienveillante qui protège les partenaires de toutes envies belliqueuses. L’Aïkido n’étant pas un sport (défini par «activité physique basée sur la compétition»), l’échange aboutit systématiquement sur un rapport « gagnant/gagnant ». Ou la frustration du perdant ni le complexe de supériorité sont fondamentalement exclus.
Lorsque Tori est saisie aux poignets par exemple, il a le choix de réagir comme tout un chacun, de retirer violemment ses bras prisonniers de l’emprise d’ Uke. Mais il s’expose en choisissant cette option des plus banales, à la force, la raideur, le poids, la volonté de s’imposer de son adversaire.
Par contre, en considérant cette saisie comme un problème, il a le choix de le traiter de front en utilisant la force, la violence comme ce qui arrive la plupart du temps dans la vie.
Ou bien alors, en se dirigeant vers « l’espace solution » en oubliant voir, sacrifiant durant un cours instant ses poignets maintenus. Par ce dernier choix (choix de l’Aïkidoka), le champ des possibles est alors grand ouvert.
Tout l’espace des deux protagonistes (devant, derrière, en haut, en bas, à droite, à gauche) est à explorer. Pour ce faire, on évitera d’utiliser les membres auxquels l’attaquant peut s’attendre en toute logique. Très souvent ses bras.
Or, on va là, privilégier toutes articulations le plus souvent mis en mouvement en synergie. Cela partira techniquement des hanches avec transmission aux autres articulations. L’action sur les bras ne sera que la conséquence finale de la mise en mouvement de tout le reste.
Par une métaphore, on peut transférer cette technique dans de nombreux domaines:
Ainsi, dans un milieu professionnel, les problèmes peuvent survenir de multiples façons: une mésentente entre collègues, une brimades hiérarchiques, une menace de fermeture ou de licenciement, etc… la liste est très longue…
Notre « gagne-pain » étant précieux, un préavis de licenciement peut avoir, on le sait, des conséquences dramatiques sur le plan psychique et par la suite (ou de concert) physique. Resté bloqué sur un état traumatique, lui donne encore plus d’importance et peut lui permettre de s’amplifier sans permettre la recherche de solution.
Du coté Aïkido, comme dans toutes activités physiques, on peut se faire mal. Suite à une posture prolongée assise, un départ à froid, une frappe de bâton etc. S’arrêter juste au moment du « drame » et se mettre à se lamenter ou abandonner les entraînements est à proscrire. De même s’écouter en plein Ju waza en s’arrêtant dès que le rythme respiratoire s’élève équivaut à stopper net un marathon dès la première sensation de tiraillement pulmonaire. Tout le gain qu’on pourra obtenir une fois passée la dette d’oxygène sera absent dès lors que l’on va écouter ses petits bobos.