La vie d’un Aïkidoka est de se conformer à chaque technique que son professeur démontrera. Technique aprés technique.
Aprés quelques temps de pratique, ce dernier, bien intentionné, s’il ne cherche pas sa « gouroutisation », lancera parfois « Jyu waza ! » ou « Randori ! » : « techniques libres »… Ou encore, « allez lâchez vous dans la spontanéité, le fun, les enchaînements, bref, la créativité »…
C’est le moment rare où l’ Aïkidoka va pouvoir exprimer tout son talent personnel. Sa spontanéité.
Car disons le, l’entraînement d’un aikidoka consiste au quotidien à entrer dans une conformité, suivre un protocole imposé, reproduire des mouvements académiques. Grâce à ce principe, on tend à perfectionner son geste. Se rapprocher le mieux possible du modèle.
En comparant avec l’apprentissage d’une langue étrangère, on peut être qualifié de brillant lorsqu’on gravit tous les niveaux en anglais. Par exemple. On gagne tous les tests de niveaux, jusqu’aux Licences, maîtrises, et autres TOIEC… être conforme répondre aux questions… Un peu comme une machine, un robot bien discipliné…
Mais avouons le, le but ultime de la maîtrise d’une langue est atteint lorsque on est dans la spontanéité d’une conversation, le « fun », la plaisanterie, appuyé par la maîtrise des règles, une grande culture et habiles techniques, lorsque le naturel s’est installé, la fluidité, la liberté. Lorsque l’élève a dépassé son maître aussi…
Bien entendu, comme on le dit, on ne peut « mettre la charrue avant les bœufs ». Et l’enseignant ne peut permettre à l’élève de se lâcher trop tôt sans casque et sans filet.
Mais chaque Aïkidoka devrait installer au fond de son crâne cet objectif (à leur enseignant bienveillant de l’enfanter) telle une petite graine à germer, de pouvoir un jour «jouer » librement avec ses partenaires un peu comme lors d’échanges linguistiques, des conversations « fun » et spontanées dans une langue maîtrisée. Il ne faudrait pas rester constamment dans le principe « questions-réponses », tourné autours et uniquement d’un modèle « passage de grades ».
La difficulté restera la capacité (dès lors qu’on aura goutté au « fruit défendu » de la liberté d’action) à revenir systématiquement au travail académique afin de rectifier, corriger, améliorer, progresser constamment.
L’humilité et la clairvoyance l’envie de se rapprocher de l’excellence en seront les ingrédients principaux.
Patrick Belvaux
Aïkido-Nogent
« Vous êtes ici dans aucun autre but que de réaliser votre divinité intérieure et manifester votre illumination innée. »
Morihei Ueshiba